Mis en évidence par Freud, les mécanismes de défense sont le moyen que nous avons pour gérer et répondre à des situations difficiles ou que nous jugeons anxiogènes. Les mécanismes de défense peuvent être activés par tout type de comportements tels la manifestation de nos désirs, opinions ou intentions ou encore une demande de changement de comportement. Dans cet article, nous expliquons comment les mécanismes de défense fonctionnent et quelles stratégies saines nous pouvons mettre en place afin d’agir face à eux.
SOMMAIRE:
La construction des mécanismes de défense.
Nous avons appris dès notre enfance que, pour être aimé, nous devions répondre à l’image que nous projetait l’entourage. C’est ainsi que nous n’obtenions l’amour de nos parents ou de nos éducateurs qu’à la condition de répondre à leurs normes ou à leurs désirs.
Si nous passions outre à leurs exigences et que nous agissions selon nos désirs, nous étions alors qualifiés d’enfants difficiles ou rebelles.
Très tôt, nous avons pris conscience de cette attitude et pour empêcher que l’anxiété se manifeste devant l’éventualité de la perte de l’affection de l’entourage, nous avons érigé nos barricades, des façades derrière lesquelles nous nous cachons.
C’est ainsi que nous avons érigé nos mécanismes de défense. Ils deviennent alors des processus mentaux automatiques, qui s'activent sans que l'on puisse avoir de contrôle sur eux. Ils existent pour nous protéger des émotions et des pensées négatives, qui, si elles arrivaient à la conscience créeraient de l'anxiété, une grande souffrance, voire un effondrement psychique. Nous appliquons donc ceux-ci de façon inconsciente, mais toujours pour éviter de ressentir l’angoisse et l’anxiété.
La première caractéristique d’un mécanisme de défense est que la personne qui s’en sert n’est pas consciente d’agir selon un processus défensif.
La deuxième caractéristique d’un mécanisme de défense est que son utilisateur nie, falsifie ou déforme la réalité, croyant à tord qu’il ne peut s’y prendre autrement pour éliminer l’anxiété qui s’empare de lui.
Le rôle des mécanismes de défense dans la communication.
Il existe beaucoup de mécanismes de défense, mais nous allons nous concentrer sur 8 d'entre eux dans cet article.
1. La projection.
Lors de ce processus défensif, la personne projette sur autrui ses propres intentions de façon à s’éviter un sentiment de culpabilité. C'est donc attribuer à l'autre des émotions que l'on ressent soi-même.
Par exemple: Une jeune femme qui se regarde dans un miroir et ne se perçoit pas comme belle, attirante. Son copain la regarde et elle se dit qu'il pense exactement la même chose. Donc, elle va l'agresser, être attristée en lui disant: "Qu'est-ce que tu regardes? Je sais que tu ne me trouves pas bien! C'est bon!"
En réalité, elle ne sait pas ce que son copain pense dans cette situation, mais, comme elle ne se sent pas bien, elle va projeter son insécurité, son manque de confiance en elle, sur l'autre.
La manière dont on se voit, comment on se sent nous amènent ainsi à penser que l'autre pense et ressent la même chose de nous-même.
2. Le transfert.
L’individu qui utilise le mécanisme du transfert reporte sur son interlocuteur des émotions qu’il a éprouvées antérieurement face à une autre personne.
3. Le déplacement.
Le déplacement, c'est transférer, déplacer une émotion que l'on ressent pour une personne vers quelque chose (un objet, un animal…) ou quelqu'un d'autre. Ce mécanisme de défense permet de se décharger émotionnellement vers quelqu'un ou quelque chose d'autre, qui est plus accessible, moins menaçant ou plus socialement acceptable que la personne concerné à l'origine.
Par exemple, une maman qui a un boulot stressant, qui fait l'objet de beaucoup de pression de la part de son patron, va peut-être être plus intolérante et irascible avec ses enfants pour des futilités. Ou encore, un élève qui a un problème avec un professeur va déchirer ses feuilles de cours. Ou enfin, une personne qui vient de se faire quitter va transférer tout son amours sur son chien.
Le but que poursuit la personne qui utilise le déplacement comme mécanisme de défense est principalement de se libérer de son agressivité. Cependant, l'autre (objet ou personne) contre qui cette émotion est finalement dirigée n’est alors qu’un bouc émissaire.
4. La rationalisation.
D'abord, ce mécanisme de défense permet de construire une justification logique afin de réduire l'anxiété face à une situation stressante ou provoquant des émotions négatives.
Par exemple, quelqu'un qui n'a pas eu la promotion qu'il voulait va se dire: "Cela n'en valait pas la peine, c'était trop d'heures de travail, trop de responsabilités..."
Ce mécanisme de défense permet aussi de trouver des circonstances atténuantes pour ses propres erreurs ou des explications rationnelles à ses comportements afin de réduire sa culpabilité ou son degré de responsabilité.
Par exemple: "Si je me suis énervé, si j'ai été violent, c'est de sa faute!"
La personne qui utilise ce mécanisme dans ces circonstances tente de trouver des raisons pour se justifier, à ses yeux ou aux yeux d’autrui, d’agir comme elle le fait.
Sa façon d’affronter des situations conflictuelles est donc de trouver des prétextes, des raisons qui justifieront sa façon d’agir. Ce mécanisme permet ainsi d’échapper à l’anxiété attachée à une motivation qui apparaît inadmissible à ses propres yeux ou aux yeux d'autrui.
5. Le refoulement.
C’est le processus défensif qu’utilise la personne qui se sent coupable d’actions, de paroles, de gestes qu’elle a posés antérieurement. Elle fait alors appel à l’oubli pour se protéger de pensées qui engendrent des émotions désagréables. Des pensées, des situations, des événements sont expulsés, complètement effacés de la conscience. Ce mécanisme de défense peut ainsi se manifester par une absence de souvenirs. Par exemple, une personne peut ne plus se souvenir d'une partie de son enfance ou de son adolescence, parce qu'elle a été abandonnée, maltraitée, abusée ou parce qu'elle a souffert du divorce de ses parents. Ce mécanisme, même si l'on n'est pas conscient qu'il existe, puise énormément d'énergie psychique et peut causer, à la longue, beaucoup de fatigue, d'anxiété, d'appauvrissement de la personnalité, un renfermement, etc.
6. La résistance.
C’est un mécanisme de défense souvent utilisé en communication et qui explique les réactions d’hostilité face aux messages en « Je » affirmatifs.
Cette action a pour but de rendre sans effet une action que l’interlocuteur perçoit comme étant dirigée contre lui, même si tel n’est pas l’objectif visé par celui qui exprime une opinion, un goût, une intention,…
7. Le déni.
Le déni, c'est refuser d'accepter, refuser de voir ce qu'il se passe. Comme si accepter, c'était rendre réel. Souvent, ce mécanisme de défense est utilisé par une personne qui refuse de reconnaître la réalité d'un événement traumatique ou ayant provoqué une grande souffrance. Il permet alors de favoriser momentanément la bonne gestion des émotions. Cependant, s'il est massif ou trop rigide, il peut devenir extrêmement destructeur sur le plus long terme.
Par exemple: dans l'alcoolisme, pour éviter de se confronter à la dépendance, la personne utilise ce mécanisme de défense, qui va également lui permettre de conserver une bonne image d'elle-même. Ou encore, une femme qui n'admet pas que son mari est violent avec elle, pour conserver une bonne image du mari, du couple ou d'elle-même.
Souvent, le mécanisme de défense qu'est le déni est un héritage familial. Par exemple dans les familles où il y a des comportements de maltraitance, d'abus ou de dépendance, tous les membres de cette même famille vont fonctionner avec ce mécanisme de défense.
8. L'intellectualisation.
L'intellectualisation, c'est reconnaître l'existence d'un événement traumatique ou douloureux intellectuellement, sans le ressentir émotionnellement. Ce qui s'est passé est alors théoriquement accepté et reconnu, mais les émotions qui y sont liées sont inhibées. Ainsi, pour éviter de faire face aux émotions que l'événement a provoqué, la personne qui a recours à ce mécanisme de défense commence à réfléchir, à être pragmatique.
Par exemple: si un mari demande le divorce à sa femme, elle peut avoir comme première réaction: "OK, beaucoup sont dans mon cas. Je dois commencer par trouver un nouveau logement, je dois appeler le notaire, la banque..." Le choc de l'annonce peut ainsi être tellement fort qu'elle n'est pas capable de gérer directement ses émotions. elle va donc s'occuper l'esprit avec de la logistique, pour éviter l'inconfort émotionnel ou la souffrance que cette annonce provoque en elle.
Un autre exemple: un patient vient d'apprendre qu'il est atteint d'un cancer. Il va alors se concentrer sur toutes les informations médicales, sur tous les détails techniques, pour éviter de ressentir les émotions qui sont liées à cette annonce de diagnostic.
D’autres mécanismes de défense peuvent être utilisés, mais tous ont toujours le même objectif: celui d’échapper à l’anxiété.
Décoder ses comportements pour moins d'anxiété.
Le fait de réaliser que l’on utilise certains de ces mécanismes de défense est déjà un premier pas, mais le travail ne s’arrête pas là. Il faudra aller au-delà, notamment via la confrontation des idées qui est une solution beaucoup moins lourde de conséquences que ne l’est l’utilisation en elle-même des mécanismes de défense, souvent destructeurs et énergivores.
Devant les dangers qui nous menacent (ou que l’on perçoit comme menaçants), il s’agit donc de vérifier d’abord si ceux-ci existent vraiment et s’ils ont autant d’importance qu’on l’imagine.
En tant que thérapeute, je vous aide et vous guide dans le décodage de vos comportements pour moins d'anxiété et un plus grand épanouissement dans vos relations aux autres.