La communication constructive entre conjoints est essentielle pour maintenir une relation saine et forte. Découvrez comment un échange bien structuré peut aider à établir et à entretenir les liens, en utilisant des exemples concrets de 6 outils efficaces.
SOMMAIRE
Un exemple de problèmes de communication dans le couple.
Je vous propose l'exemple suivant de conversation entre deux conjoints afin de vous montrer comment la façon de parler de l'un peut perturber la communication dans le couple, et comment il est possible de se servir des outils de la communication constructive pour y mettre de l’ordre.
Pierre débute la conversation avec sa petite amie en lui disant : « J’en ai assez que tu me juges ! ».
Etonnée et prise de court, Aline répond : « Que veux tu dire ? ».
- « Je veux dire que depuis quelques temps, tu me critiques beaucoup ».
- « Pierre, je suis fatiguée. Lâche-moi les baskets. Je ne peux pas tout le temps être parfaite », réplique Aline d’une voix lasse.
Pierre sent que leur conversation entame une dégringolade familière et malsaine, aussi marque-t-il une pause. Il pense au processus de la communication constructive et passe en revue ce qu’il a dit, la façon dont il l’a exprimé, vérifiant s’il manque des éléments de base. Il voit tout de suite que les points importants de la communication constructive font défaut. Il n’a pas indiqué à Aline l’événement précis auquel il réagit, ni quels sont ses sentiments et les besoins non satisfaits qui les provoquent, ni ce qu’il souhaiterait qu’Aline fasse après qu’il a parlé. Pierre décide donc de recommencer.
- « Je suis navré », dit-il, « Je ne m’y suis pas pris de manière agréable. Si tu le permets, je vais recommencer. Hier soir, lorsque j’ai dit avoir passé 2heures et ½ à la librairie et que je n’y avait pas trouvé ce que je cherchais, tu as répondu en disant : Oô ! Si tu vas dans cette librairie locale, tu n’y trouveras jamais rien. J’ai eu de la peine à ne pas entendre cela comme une critique insinuant que j’étais un idiot d’aller là-bas, et que n’importe lequel de nos proches aurait su qu’il ne fallait pas y aller. Au cours des deux derniers jours, nous avons eu plusieurs échanges comme celui-ci. J’en viens à hésiter à te dire ce que je fais, de peur que tu me juges et que je ne soit pas à la hauteur ».
Pierre a maintenant communiqué son événement déclencheur, les sentiments que celui-ci a suscité en lui, ainsi que ceux de ses besoins et croyances qui ont provoqués son émotion.
- « Je n’avais pas l’intention de te rabaisser », répond rapidement Aline.
- « Attends », proteste Pierre. « Je ne veux pas que tu t’excuses ».
Il se rend compte qu’il ne lui a pas dit ce qu’il voulait d’elle, à l’instant. Il décide donc de le faire.
- « Tout d’abord, j’aimerais que tu me dises si tu te rappelles de cette conversation d’hier soir ».
- « Oui », répond Aline.
- « Bon, très bien », répond Pierre. « Ce n’est qu’un exemple et je ne veux pas trop insister dessus. Je n’en parle que pour te faire savoir que depuis quelques jours je me sens insécurisé, plein de doutes et inquiet, avec pour conséquence que si je crois que quelqu’un me critique, cela me fait particulièrement mal. En ce moment, j’ai envie de partager avec toi ce que je vis, ce qui fait que je me sens insécurisé. J’ai davantage besoin de parler de cette insécurité qui me ronge, et de sentir de l’empathie de ta part à ce propos, que de discuter de tes actes ».
Puis, il termine en exprimant une demande spécifique concernant ce qu’il souhaite immédiatement.
- « J’aimerais maintenant connaître tes sentiments sur ce que tu viens de m’entendre dire ».
- « Soulagée. Je me sens soulagée et aussi inquiète. Je ne savais pas que tu allais mal depuis peu », répond Aline.
Parvenus à ce point, ils peuvent passer à l’exploration fructueuse, et libérée de tout stress, des difficultés de Pierre, puis, éventuellement, s’intéresser au stress et à la fatigue d’Aline.
L’utilisation des outils de la communication constructive a aidé Pierre à déterminer ce qui, dans sa manière de s’exprimer, avait contribué à faire partir la conversation de travers, puis à modifier cette situation.
En renonçant aux reproches et aux accusations, ainsi qu’en se concentrant plutôt sur la description de ses sentiments et besoins, il a permis à la conversation de prendre une tournure, mais aussi un ton entièrement différent.
Initialement marquée par la peur, la colère et la honte, cette discussion devient ensuite empreinte d’attention, de bienveillance et d’un désir d’aider l’autre.
6 astuces de communication constructive dans le couple.
1. Offrir de l'empathie.
Dans le doute, offrez de l’empathie : lorsque quelqu’un vient d’exprimer une peine et que vous n’êtes pas sûr de ce qu’il attend de vous, ne cherchez pas tout de suite une solution au problème. Au lieu de cela, témoignez-lui de l’empathie. Lorsque vous lui aurez reformulé ses sentiments et besoins les plus importants, il va généralement se détendre un peu.
2. Explorer la colère.
Lorsque vous êtes confronté à de la colère, demandez-vous : « De quoi cette personne a-t-elle besoin, ou que veut-elle qu’elle n’a pas reçu ou craint de perdre ? ». Partagez vos suppositions avec votre interlocuteur.
3. Marquer une pose et prendre du recul.
Lorsque votre conversation commence à devenir ingérable, marquez une pose, prenez du recul, puis posez-vous les questions suivantes : « Ai-je parlé de mon comportement, de mes sentiments et de mes besoins, ou est-ce que j’analysais, je critiquais, j’étiquetais et cataloguais le comportement de l’autre, ainsi que ses sentiments et besoins ? ».
4. Décrire les événements, les émotions et les besoins sans recourir au jugement.
Par exemple, si, en essayant d’identifier l’événement déclencheur, je dis : « lorsque tu me ments… », mes propos peuvent être reçus comme un jugement de ce que l'autre a fait. Par contre, si je dis : « Lorsque ta description de ce qui s’est passé ne correspond pas à celle que m’ont donnée les autres… », je ne fais que décrire simplement et objectivement ce que j’ai vécu.
5. Éviter de faire des reproches ou de se mettre sur la défensive.
Il est plus productif de mettre en lumière quels besoins personnels provoquent les émotions et déterminent les choix de chacun.
Nous sommes nombreux à avoir appris à expliquer nos émotions en en niant toute responsabilité personnelle et/ou en l’imputant au comportement d’autrui. Nous disons par exemple : « Tu me rends dingue (heureux, malheureux,…) » ; « Tu me mets en colère » ; « Je n’avais pas d’autre choix que de… ». Ou encore : « Je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir….». Ce sont en réalité des formes de reproches qui provoquent souvent des débats stériles.
6. Formuler ses propres besoins.
Enoncer clairement les actions précises que vous souhaitez et nécessaires à satisfaire vos besoins les plus urgents, et à le faire sous forme de demandes, c'est-à-dire en évitant d’utiliser les exigences, la menace, les ordres ou la manipulation. Cette recommandation part du principe que la plupart d’entre nous préfèrerons que quelqu’un nous dise précisément ce qu’il veut, plutôt que d’avoir à le deviner, et qu’il le communique sous forme de demande plutôt que par un ordre, par la menace ou par d’autres formes de manipulation.
La communication dans un couple se travaille quotidiennement. Écouter, faire des compromis et avoir des discussions constructives sont fondamentaux afin d'éviter les échanges malsains qui provoquent très rapidement une escalade. Chacun des conjoints doit ainsi apprendre à se remettre en question mais également à poser les bonnes questions à son partenaire. L'objectif est que le couple et les deux partenaires puissent sortir gagnants après chaque échange, en travaillant non pas dans deux équipes adverses, mais dans la même équipe!
Mais mettre en place toute ces actions demande à certains l'intervention et la guidance d'un thérapeute de couple, afin de pouvoir diminuer les tensions en offrant un espace de dialogue neutre et apaisé.
