Nous regardons des films et des émissions télévisées romantiques pour de nombreuses raisons : rire, pleurer, s’identifier aux personnages fictifs, ou encore, s’évader de notre quotidien en s’imaginant faire partie d’une extraordinaire histoire d’amour. Cependant, lorsqu’on se met à comparer son couple à l’idylle hollywoodienne, on se demande si notre conjoint, notre relation et nous-mêmes sommes à la hauteur. Mais la question cruciale est : devrait-on aspirer à atteindre ces « idéaux » romantiques lorsque l’on veut s’engager à long terme dans la vraie vie ?
Décodons quelques mythes du romantisme véhiculés dans les films.
Mythe no ° 1 — « Être amoureux signifie ne jamais être forcé de s’excuser »
De nombreux cinéphiles reconnaîtront la réplique du classique Love Story, réalisé en 1970, sans même l’avoir regardé. C’est ce que répondit le personnage d’Ali Magraw à celui de Ryan O’Neal après qu’il s’est excusé de s’être emporté.
Certains diront qu’Ali Magraw ne faisait qu’exprimer son amour inconditionnel pour son amoureux. Oui, communiquer ce sentiment d’acceptation à son conjoint peut assurément solidifier la relation au sein du couple. Cependant, accepter l’autre ne signifie ni de tolérer qu’il vous maltraite ni de remettre en question leur amour quand vous agissez incorrectement. L’amour inconditionnel ne nous donne pas le droit de nous déresponsabiliser face à nos actions.
Or, au sein d'un couple, faire des « tentatives de réparation » pendant ou après une dispute peut solidifier la relation. Il peut s’agir d’arrêter une querelle qui entre dans un cercle vicieux, de reconnaître quand le temps est venu de se calmer ou de savoir s’excuser après un geste blessant ou une parole cinglante. Faire une tentative de réparation sincère montre à l’autre qu’on le respecte, et que l’on fera de son mieux pour le respecter à l’avenir. Il semble donc qu’être amoureux signifie, au contraire, de s’excuser lorsque l’on reconnaît que nos actions peuvent avoir bousculé notre conjoint ou notre relation.
Mythe no ° 2 — « Tu me complètes »
Dans le film Jerry Maguire, le personnage principal, joué par Tom Cruise, tente de surmonter une crise d’identité, à la grande tristesse de sa collègue et épouse, Dorothy. Pour conclure l’histoire, Jerry a une révélation en disant ces quelques mots à Dorothy (« Tu me complètes »), ce qui semble mettre fin à son combat intérieur.
Cette idée de trouver l’âme sœur, la personne qui remplira notre vie, existe depuis très longtemps. De nombreux conjoints sentent sincèrement que leur vie s’est enrichie après s’être engagés envers l’élu de leur cœur, et que la simple présence de l’autre dans leur vie favorise grandement leur bien-être général. Le danger est que cette attente soit démesurée. Par exemple, tenir notre conjoint responsable de notre humeur ou de nos émotions déplaisantes (telles que la tristesse et la colère), ou s’attendre à ce que notre conjoint sache lire nos pensées plutôt que de lui communiquer nos besoins. La plupart des couples auront occasionnellement ce genre de malentendus. Cependant, une personne qui a de telles attentes irréalistes envers son conjoint créera plutôt une distance au sein du couple. Son conjoint s’éloignera par peur de se perdre dans la relation.
Le plus souvent, les couples dont les liens sont forts et sûrs développent un sentiment d’interdépendance. Dans ces couples interdépendants, les conjoints respectent des frontières personnelles saines, et acceptent les sentiments et la vulnérabilité de l’autre. Ainsi, les conjoints n’espèrent pas que l’autre les complète, mais ils perçoivent leur vie commune comme entière grâce à leur relation solide et dévouée.
Mythe no ° 3 – L’alpha et l’autre
Dans la comédie américaine How I Met Your Mother, le protagoniste (Ted) vit une juxtaposition entre sa recherche incessante du grand amour et le mariage plutôt heureux de ses deux meilleurs amis, Lily et Marshall. Cependant, la relation de ces derniers n’est pas sans conflits. Lors d’un épisode, le couple se dispute quant à leur position respective au sein de la relation : lequel s’est contenté de moins que lui (the Settler) et lequel se démène pour garder l’autre (the Reacher). Pour eux, toute relation amoureuse comprend cette hiérarchie. Et aucun d’eux ne voulait s’avouer être le conjoint « inférieur ».
Ce concept du conjoint alpha (ou de « qui porte la culotte ») semble être le reflet de la croyance qu’une relation amoureuse est, essentiellement, une lutte de pouvoir. Certaines querelles peuvent nous donner cette impression, lorsque l’on croit être celui qui a raison. Cependant, lorsqu’une majorité de disputes avec notre conjoint sont une épreuve de force, notre sentiment de sécurité envers la relation s’effrite et teinte chacune de nos interactions.
C’est ce que l'on pourrait appeler l’insécurité d’attachement. Lorsqu’un couple éprouve une forte insécurité d’attachement, même de petits désaccords peuvent dégénérer en « combat à mort », où la résolution du conflit initial est surclassée par le besoin de pouvoir et de contrôle. Pourtant, on pourrait bien se demander ce qu’il y a à gagner dans ces conditions. Les acteurs sont payés pour jouer ces rôles hiérarchisés. Dans un couple réel, il est plus constructif pour chacun de se concentrer sur le rôle de compagnon de vie.
Mythe no ° 4 – L’hostilité nourrit la passion
Le sentiment amour-haine est un autre cliché grandement utilisé au fil du temps dans les films et les émissions télévisées. Un exemple classique de cette dynamique est la relation explosive entre Sam et Diane dans la comédie Cheers. Avant leur premier baiser, enflammé, le duo s’affronte dans une discussion animée, parsemée d’insultes (« tu es le plus stupide, hypocrite, cinglé… »), d’agressivité (« ferme-la ! ») et de mépris (« tu me dégoutes ! »).
Cet échange a pour simple but de nous faire rire, mais il semble refléter l’idée qu’une personne doive provoquer la colère chez l’autre pour éveiller la passion. Bien que ce genre de provocations puisse amener une réaction vive et immédiate, il peut aussi, avec le temps, affaiblir l’intimité au sein du couple. Montrer du mépris envers son conjoint, ou lui communiquer qu’il est inférieur, est le plus grand indicateur de divorce. Par contre, les couples qui se sentent en sécurité et confiants à deux ressentent un niveau d’intimité plus satisfaisant que les autres couples. Il est donc préférable de limiter ces couples explosifs, et combien drôles, et leur relation amour-haine à nos écrans.
Cette liste n'est qu'exemplative (et certainement pas exhaustive) des quelques clichés cinématographiques auxquels nous pouvons être confrontés et qui véhiculent des idées romantiques auxquelles il vaut mieux ne pas se référer dans le quotidien conjugal.